Douieb Hamid

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Quelques lignes,

Quelques courbes,

Un peu de couleur,

Et c'est déjà le début d'une histoire vécue ou à vivre...

 

 


















 

Biographie de l’artiste

Hamid Douieb est né en 1948 à Casablanca. Il se révèle très jeune de sensibilité artistique. En 68’, il arrive en Belgique pour suivre des études d’ingénieur et pratique en parallèle sculpture et peinture. Hormis quelques cours à l’académie des Beaux-arts, Hamid est autodidacte. Au début, il est très influencé par le surréalisme et bifurque ensuite vers l’hyperréalisme. Ses premières expositions ont lieu entre 75’ et 76’. Ensuite, son style figuratif s’enrichit d’un second degré au-delà de l’image. En 79’, il rencontre le groupe « Figuration critique » avec lequel il expose à Bruxelles, puis à Paris. Obstiné et foncièrement figuratif, il ne cède pas aux tendances et aux modes du moment (abstrait, conceptuel et contemporain). Ce qui le prive malheureusement des galeries... Suivra une traversée du désert de plus de 15 ans. Il revient dans les années 2000 avec une peinture plus affirmée et enrichie par son vécu et son engagement. En 2005, tel un saumon qui remonte la rivière, Hamid décide de retourner au Maroc, son pays natal, pour exposer ses dernières toiles. Bien décidé à s’affirmer à nouveau, il a cette certitude que c’est auprès des siens qu’il doit chercher la reconnaissance...
Alors il enchaîne les expositions en commençant, en 2011 à la Galerie Bab El Kebir de Rabat. En 2013, la Galerie Amadeus de Casablanca lui ouvre ses portes. Et puis la machine s’emballe : Espace Diwan à Rabat, Galerie Medina Art à Tanger, Galerie Mine d’Art à Casablanca,
Galerie Fenn à Tétouan, Espace Rivages à Rabat et, last but not least, la prestigieuse Villa des Arts de Casablanca (consécration ultime pour l’artiste). Les possibilités de montrer ses toiles à travers le Maroc ne manquent donc pas, mais Hamid garde la tête froide. Son but est de rester accessible au plus grand nombre. D’ailleurs, il se refuse d’expliquer sa démarche et d’avancer un quelconque concept à son travail. Dernièrement, et surtout à la suite du confinement, il semble que quelque chose soit venu déstructuré l’image de ses travaux. Dans une forme d’urgence et de désespoir, l’artiste veut que seul l’essentiel émerge... Ainsi, un grand nombre de tableaux de ce genre (sombres et déstructurés) sont sortis de son atelier bruxellois dans le dessein de rejoindre les murs de plusieurs galeries et centres culturels marocains. D’abord à la Galerie Abla Ababou lors d’une exposition collective et prochainement à la Galerie Noir et Blanc de Marrakech et à la Bibliothèque Nationale de Rabat.

Sofia Douieb


Miroirs  d’espérance.

       Hamid Douieb fait partie de cette génération de plasticiens irascibles qui ne se contentent point de l’à- peu- près, du déjà-vu. Il peint à sa guise, fort de principes novateurs, habité par cette hargne créatrice, cette attitude de l’épistémologue qui cherche à sonder l’au –delà des choses ressassées. Face à quelque figuration qu’il regarde du coin de l’œil, il brandit sa figuration critique bien à lui, à laquelle il adhère et croit dur comme fer.
      Féru d’art   depuis l’âge tendre, aux années soixante,  l’adolescent vouait un penchant manifeste pour le dessin et un intérêt précoce pour les choses de la philosophie tout comme aux remous de l’art à l’époque, lui pourtant  dont le père voulait faire un ingénieur. C’était sans compter que le génie de l’art était le plus fort et dut l’emporter contre  vents et marées.
      Le rebelle eut fini par imposer son choix ; mais que de péripéties et de  va -et - vient pour élire un style tellement mouvant, tellement contestataire qu’on l’aurait pris pour un projet suicidaire.
      Fasciné au départ par Magritte, ses ciels et la plasticité de ses formes, mise à part la tendance ,Hamid Douieb succombe quelque temps au joug  des hyperréalistes belges mais ne tarde pas à lâcher une voie qu’il eut trouvée trop ennuyeuse et plutôt froide .Il  ne voulait pas ‘’tomber dans le piège de la facilité’’  .Et c’est la tentation des audaces d’un plasticien qui fait fi des normes et du dictat de certaines  galeries pour imposer son regard .
      A l’Université Libre de Bruxelles (ULB) puis au Ranelagh à Paris , il expose fin des  années soixante-dix, des travaux figuratifs qui raillent à sa manière la fidélité  excessive à des canons qu’il eut trouvés désuets, se ralliant par la même occasion  à un groupe d’artistes qui partagent les mêmes  préceptes  et qui animent déjà une tendance en gestation avec des principes artistiques manifestement de gauche lesquels consistent  à remettre en question moult paramètres et à se projeter sans concession vers l’autre. « Vous êtes  dans nos sensibilités », lui eut dit auparavant, un membre fondateur de la Figuration Critique.
         Les fondements de la jeune tendance allaient justement à la rencontre des vues  du jeune peintre en mal de style à l’époque , pratiquement audacieuses face à l’hégémonie  des courants de  l’époque. Parti ,ainsi que ses compagnons  de route , en guerre contre             le raz-de -marée de l’art  conceptuel, il s’agissait de brandir une nouvelle façon de s’exprimer avec un art figuratif qui aille droit au grand public qui ne reçoive pas nécessairement la bénédiction de l’intelligentsia ou la providence des galeries.
      Et depuis , son chemin était fait. Hamid Douieb dessine  beaucoup plus qu’il ne peint car ses carnets regorgent de projets et d’esquisses jamais réalisés .Il crée suivant son humeur , boude son atelier dans des arrêts quelquefois assez longs qui frôlent’’ la traversée du désert’’ mais ne tarde pas à revenir tout feu  tout flamme comme qui dirait pris par un air de  jouvence ineffable.
      Après près de quarante années d’absence, de son pays natal , à part les visites estivales régulières pour renouer avec les origines, Hamid Douieb digère le projet d’une rentrée définitive au bled, et qui plus est , nanti d’idées et de concepts .
     Il s’agirait d’une expérimentation picturale sans cesse renouvelée, partie de l’observation minutieuse  d’une allure ou d’un visage de fille d’Eve ,  avec des regards chargés d’émotion et d’énigme et suivant une technique où l’art et le ludisme font bon ménage .
      Ni expressionnisme acerbe et choquant ni portraitisme fade, l’œuvre devient’’ espace mental’’ comme le veut son créateur. Des visages pas du tout extra – terrestres car ils ont surgi du réel ou de l’inconscient du peintre. Aucune œuvre n’est née du néant , faut –il en convenir ; et à l’époque de la perfection de l’image qui dépasse à des années – lumière les menus artifices du plasticien , se dire créateur relève de la prétention , mais la machine ne saurait rendre le frisson , le regard attendrissant , la grimace poignante ou tout autre épanchement affectif perceptible par l’œil seul du peintre
     Pour modeste qu’il puisse paraître, le pari de l’artiste est énorme , il est question de forcer la création avec ce penchant à l’esthétique de l’image , à l’épuration du support et de l’expression du visage sans pour autant tomber dans la minutie excessive . ‘’ Ça devient trop lourd ‘’ , m’eut confié Hamid Douieb. . l’homme, il est vrai , se dérobe . En rendant un visage, il a toujours hâte d’en finir pour ne pas tomber dans le piège de la perfection d’antan.
    C’est alors que le turbulent laisse délibérément des contours, rend  une main à la perfection, ou encore  une partie du visage et curieusement abandonne l’autre ou s’amuse dans des jeux itératifs de miroitements ou de parties du visage ou du corps , lui pourtant, qui a passé plus de trente ans à s’évertuer à  faire les mains dans les normes académiques , preuve du zèle  du plasticien pourtant toujours enclin à la rébellion plastique .
    C’est que Hamid Douieb s’en va réellement dans une quête du parfait. Une fois l’essence atteint, il abandonne  le détail quitte à frustrer le regard . Voilà pourquoi le peintre insatiable use de jeux de superposition, de variations des reflets, et de compositions de folie quelquefois, quitte à peindre l’arrière d’un chevalet dans une expérience antérieure , ou tout simplement à peindre sans soucis majeurs en comptant sur une certaine succession de hasards .
      Pris dans l’engrenage du figuratif, il tente paradoxalement d’en échapper  par maints artifices. Encore faut –il se rendre à l’évidence que Hamid Douieb est un dessinateur qui redevient peintre, fort cependant des influences dont il ne rougit guère
      Arrivé  en 1969 en Belgique pour des études qui n’ont rien à voir avec l’art , le renégat est allé voir le musée d’art moderne et ce fut  le choc de Magritte .L’effet du grand maître surréaliste belge  subsiste encore avec ses ciels et les gestes anodins que Douieb dessine sans abus. Autant de clins d’œil telles ces réminiscences de Vermeer et sa’’ Jeune fille à la perle’’ que cite l’artiste ou  cette fidélité au traitement des glacis et la leçon des primitifs flamands .
    Autant de références que le peintre ne nie guère ; mais le dissident n’en donne qu’à sa tête , d’où cette peinture encline à la fantaisie , à l’humour discret quelquefois .Hamid Douieb procède tout au long de son parcours par étapes de performances picturales .Il a fait les nus à sa manière puis les mains puis il fait escale devant des visages de fille d’Eve pour la plupart.
    Des regards sublimés, criards mais jamais tragiques ou lâchés à la dérive.  On est en pleine’’ figuration avec contenu’’ comme il se plait à définir son art, puisqu’il s’agit de mettre en images des regards attendris ou ahuris face à la violence vorace et pas du tout humaine. Des  postures originales, des compositions d’un autre ordre. C’est que Hamid Douieb tient à transmettre une certaine force qui se dégage avec un travail élaboré du visage et de l’allure.
     Une peinture qui ne laisse point  indifférent et un lyrisme discret rendu par la seule virtuosité qui échappe au peintre .Des graphismes qui font penser à Francis Bacon et aux esquisses des grands maîtres de la Renaissance
    Autant d’atouts que Hamid Douieb tient  à dissimuler trop modestement. Dans certaines de ses toiles, il avoue avoir effacé des détails subtils justement pour échapper au catalogage.
    Hamid Douieb est cet artiste  à l’âme critique. ‘’Toute âme est une mélodie qu’il s’agit de rénover’’, disait Mallarmé. Ce serait bien le mobile du peintre qui  d’ailleurs évolue à travers une interrogation permanente, un regard sans cesse renouvelé sur les choses et une remise en question constante de soi- même, l’essence même de la création.
      Une vision  propre que sous-tend cette volonté d’aller au –delà de la figuration sans pour autant rester esclave du concept. La rigueur du concept , il est vrai,  élimine l’émotion ou la minimise . Voilà pourquoi  Hamid Douieb tente de montrer quelque chose de’’ plus  loin que  l’image’’ . Il transmet et laisse le visiteur murir ses perceptions.
          Une peinture qui bouscule, transgresse mais émeut et charme à la fois, autant par son engagement total sans parti pris que par ces reflets sereins et  pas du tout scandaleux, faits de harcèlements plastiques, de rupture et d’interrogations. Des miroirs d’espérance pour une issue d’une période de transition que traverse d’ailleurs l’art contemporain à l’échelle de la planète, et un arrière-goût d’inachevé à l’arôme cependant aux suaves promesses .
                                                                                                                                                Ahmed FASSI
                                                                                                                                          Tanger. 14 Avril 2016
 
 


 

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